Oh bien sûr, ça n’est pas l’Eden ce jardin là, mais Le potager de mon grand-père a tout de même un petit goût de Paradis. Quel savoureux mode de transmission des valeurs que voilà. Quel joli tableau de la vie qui suit son cours et passe d’une génération à l’autre.
Avec simplicité et candeur, Martin Esposito brosse un touchant portrait de son grand-père, lui inculquant les rudiments du jardinage, et au passage, l’amour de la vie.
"Et si on écoutait nos grands-parents ? Et si on revenait à la source avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’ils ne partent ?" déclare Esposito. "Lorsque ma grand-mère nous a quittés, j’ai compris que le temps passait trop vite... compris que j’avais faim d’apprendre, faim d’amour.
Je regardais mon grand-père avec tout son savoir et j’avais le besoin vital de le filmer pour immortaliser cette transmission en espérant, qu’à travers ce documentaire, cela serve aussi aux autres.
Trop de personnes âgées sont seules alors que nous avons tant à apprendre d’eux, de leur vie, de leurs expériences. Ils étaient là avant nous. Ils ont traversé la guerre, ont appris à vivre, à survivre.
J’ai fait ce film par amour, pour ne pas oublier tout ce que mon grand-père m’a appris, partagé et donné à travers son potager. Pour moi, cela restera une des plus belles métaphores de la vie."
De fait la Vie éclate dans ce jardin, véritable "classe à ciel ouvert" où coule dans la parole de son grand-père, en anecdotes anodines, autant de leçons de vie.
Garante de la mémoire et de l’espoir, dans son perpétuel renouveau.
On se prend à se souvenir de ses propres pas dans le jardin de son propre aïeul, si tant est qu’on ait eu la chance de partager avec l’un d’eux des moments aussi merveilleux.
Car ça n’a l’air de rien, mais moi qui me souviens de ce temps des vacances, où je me levais à l’aube d’un bond, pleine d’enthousiasme, pour accompagner ma grand-mère au jardin, lui "prêter la main" comme on disait... et tout ce qu’elle m’a appris, comme ça, tout bêtement.
Tout ce qui a fait que j’ai découvert tant de choses, sur elle tout d’abord, qui n’était pas tout à fait pareille "à la ville" et "au champ", (bien moins "rugueuse" avec le végétal qu’avec les humains), sur moi même et sur la vie... tranquillement, dans un espace et un temps singulier, une sorte de bulle de bien être qui s’accommode du naturel et fait fi des fioritures. Qui soulage des tensions et permet de réfléchir sans pression, sans se "prendre la tête"... à des concepts parfois plus élevés qu’il paraît.
Philosophe qui s’ignore, le grand-père de Martin, dans son potager, illustre à merveille la célèbre maxime du héros de Voltaire, Candide, incarnation de la découverte naïve : "Il faut cultiver notre jardin".
Rappelant au lecteur que pour mieux vivre il vaut mieux prendre le temps et s’affairer à la tâche. Faire soi-même plutôt que laisser faire... c’est tellement doux d’apprendre, de savoir, de comprendre et d’ainsi récolter les fruits de sa connaissance...
Sans compter le prix de l’effort. "L’agréable douleur" qui parcourt le corps, qui compte un à un tous ses muscles et les projette vers un but précis et créateur. Créateur de vie, de couleurs, de goût et de saveurs... comme on est bien dans le potager du grand-père de Martin.
On y resterait bien encore un peu à la fin de la séance... Rien ne nous empêche en rentrant de nous y mettre ! Devenir soi-même celui qui enseignera à un enfant comment reconnaître et planter les graines, embellir son jardin, sa terrasse, même son balcon le temps d’une saison. Profiter de la vie qui passe, en temps réel.
C’est ce que l’on trouve dans ce ravissant documentaire, à la technique soignée mais pas pesante, qui laisse toute sa place à l’émotion et au naturel.
Une charmante balade à laquelle je vous convie ardemment, histoire de prendre l’air.
Tout à fait de saison.
Rafraîchissant.
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